Mes élèves ont compris le sens usuel du « tant que » mais quand je leur demande d’écrire un algorithme (et/ou un programme), ils n’y arrivent pas. Pourquoi ?

À propos de cette page
Naviguer dans la rubrique
Partager

De la difficulté d'introduire le "tant que"

 

De nombreux collègues ont été confrontés -parfois brutalement- à de telles situations. La structure semble simple et parait comprise par les élèves et les résultats lors de son utilisation sont très décevants. Il est même probable que les élèves eux-mêmes soient désarmés par leur difficulté à produire.

Nous avons vu [1] qu’avant même d’aborder la première rencontre avec l’algorithmique, chacun dispose d’un Système de Représentation et de Traitements des données (STR).

Exemple

Lors de formations, plusieurs enseignants ont exprimé une conception tout à fait originale et ancrée dans leur quotidien de la notion de « tant que » : pour ces enseignants, la condition générique du « tant que » doit être vérifiée avant la réalisation de chaque instruction contenue dans la boucle. Dès lors que l’une n’est plus vérifiée, on sort de la boucle sans effectuer les instructions restantes.

Cet exemple, met en évidence qu’il est probable que de nombreux élèves fassent appels à des SRT qui peuvent entrer en conflit avec le fonctionnement des structures algorithmiques formelles. Ces « dysfonctionnements » ne peuvent apparaître que dans le cadre d’activités collectives où le groupe sert de régulateur et la production publique de support d’échanges dans la classe.

Dans le cas où les SRT de l’élève sont trop éloignés du fonctionnement standard de la structure utilisée, le langage formel devient un obstacle à l’écriture de l’algorithme. L’élève ne peut alors exprimer une organisation des données et de leur traitement qui conduirait à un résultat tout à fait cohérent. Il semble donc important sinon indispensable d’asseoir la pratique de l’algorithmique sur les conceptions des élèves afin de les mettre en action sur des situations où elles pourront s’exprimer et évoluer en un sens « acceptable » et commun à tous. Cet aspect est également développé par Régine Douady dans ses Jeux de cadres.

Ainsi, l’itération qui constitue souvent l’ossature d’un algorithme souvent est trop éloignée des SRT élèves pour qu’ils y fassent appel lors de l’écriture d’un algorithme.

La construction de la représentation de l’objet algorithme s’articule étroitement avec la construction de l’outil. Il ne faut pas avoir peur d’y consacrer du temps.

Synthèse

 

  • Ne pas introduire trop rapidement un langage formel ou intermédiaire formel qui ne pourrait pas s’appuyer sur les SRT des élèves.
  • Multiplier les activités collectives qui permettent aux élèves d’échanger et de confronter leurs représentations.
  • Garder des traces écrites de l’historique des travaux des élèves. Ils leur permettront de mesurer le chemin parcouru.
  • Proposer des activités dans des domaines multiples permettant aux élèves de confronter leurs SRT à des modes d’expression variés.

 

 

__________________________________________________________________

[1] Article : « Comment commencer l’algorithmique en seconde ? »