Conduites d’étayage et gestes professionnels
d’après Jérôme S. Bruner
Définition
Le concept d’« étayage » est emprunté à Jérôme S. Bruner. Très étroitement lié à la notion de ZPD (Zone proximale de Développement) de Lev Vygotski, il désigne l’aide apportée à l’apprenant par le maître pour lui permettre de « mener à bien une tâche, de résoudre un problème ou d’atteindre un but qui aurait été, sans cette assistance, au-delà de ses possibilités ». Les enfants peuvent aussi, au cours des interactions, remplir ce rôle.
Le premier niveau consiste à maintenir et à guider l’attention, à orienter l’enfant sur ses propres démarches, en lui demandant de verbaliser ce qu’il est en train de chercher, comment il s’y prend et comment il a trouvé.
Il s’agit aussi de l’aider à se remémorer les acquis : relier ce qu’on fait à ce qu’on a déjà fait, rappeler les solutions essayées, récapituler ou mesurer les résultats obtenus.
L’adulte aide à focaliser l’attention en questionnant et en reformulant dans une version plus satisfaisante. L’élève apprend aussi par imitation en prenant modèle sur le langage expert.
Une des principales fonctions de l’étayage est de faire prendre conscience à l’enfant de la finalité de la tâche et des attentes du maître. L’enseignant a un rôle important pour rappeler ou faire rappeler celles-ci et pour inciter l’élève à reformuler tout au long des échanges.
La fonction de développement
Le maître ouvre l’échange et appelle à développement grâce à des reformulations comportant ajouts, corrections, ajustements.
L'aide à l'anticipation
L’adulte aide l’élève à relier ce qu’il fait à ce qu’il va faire, à déterminer les conséquences de ses actions et à confronter le résultat obtenu aux prévisions.
La prise en charge des éléments hors de portée de l'enfant
L’enfant en état de surcharge cognitive adopte des stratégies minimales. Si l’enseignant veut que les enfants explorent une conduite nouvelle, il doit prendre en charge une partie des difficultés à leur place, soit par exemple, en passant par la dictée à l’adulte ou la lecture à haute voix.
La fonction d'évaluation
L’adulte aide l’enfant à contrôler ses actions, en le renvoyant à ce qu’il dit, en le questionnant, en lui faisant imaginer les conséquences de ce qu’il propose, en lui signalant une impossibilité, en l’incitant à vérifier ou à comparer les résultats obtenus.
Étayage de la prise de parole et de l'écoute
Le maître donne la parole à celui qui manifeste l’intention de la prendre. Il officialise ainsi la prise de parole de l’élève et le maintient dans son rôle. Il rappelle les règles, sollicite tel enfant qui n’est pas intervenu, valide les propos d’un autre (acquiescement, reprise, reformulation), demande une explication, une précision et favorise l’écoute.
Étayage global
Il se situe au niveau du choix du support et des conditions de réalisation de la situation qui doit être attrayante et faire sens afin de construire un savoir en commun. L’aspect interactif des activités proposées constitue un atout essentiel par l’intérêt qu’il suscite chez les enfants.
Étayage local
Il se place au niveau des interventions spécifiques de l’enseignant.
Inventaire des gestes professionnels du maître
Régule l’écoute et la circulation de la parole, encourage
Écoute, manifeste un intérêt bienveillant
S’efface volontairement
Questionne pour accéder à une nouvelle étape, passer à autre chose
Questionne pour orienter, induire
Relance en s’appuyant sur les énoncés des élèves
Recentre sur le sujet
Fait varier l’intonation de sa voix, son rythme
Reformule
Répète
Explique, apporte des informations
Valide
Réfute
Synthétise
Bibliographie
- Savoir-faire, savoir-dire, Jérôme. S. Bruner, PUF, réédition 1998
- Que veut dire aider les élèves à comprendre ?, E. Nonnon, revue Spirale, 1989
- Enseigner l’oral à l ‘école, Groupe Oral-Créteil , Hachette, 2002