Le texte poétique à géométrie variable : perceptions et créations renouvelées du texte

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I- Contexte pédagogique

 

Niveau de classe : Cycle 4, classe de 3e

 

Cadre pédagogique : Travail disciplinaire en français / Interdisciplinarité (français, mathématiques et arts plastiques) / HIDA


Dans le cadre de la thématique « Regarder le monde, inventer des mondes », le programme de 3e invite les élèves à découvrir différentes « Visions poétiques du monde ». Cette séquence autour de la poésie et de la création artistique contemporaine trouve ainsi sa place en fin de progression annuelle en 3e, en mai/juin.


En termes de corpus, les textes recommandent « des poèmes ou des textes en prose poétique, du romantisme à nos jours, pour faire comprendre la diversité des visions du monde correspondant à des esthétiques différentes » : cette séquence se fonde sur une étude précise d’un recueil intégral, Euclidiennes, en le mettant en perspective par les dialogues artistiques qu’il engendre.
Cette séquence de français s’inscrit pleinement dans le PEAC mené au collège, par une approche de l’art contemporain en lien avec le CAC Les Tanneries, à Amilly (dernière sortie pédagogique proposée aux élèves de 3e).

 

Durée et nombre de séances : 3 à 4 semaines, environ 14 séances

 

Objectifs pédagogiques :


Entrer dans les potentialités du texte poétique et s’engager à son tour dans une démarche d’écriture


Confronter l’interprétation des œuvres et engager des débats de classe construits


Faire dialoguer les formes artistiques pour construire des sens


Découvrir un centre d’art contemporain

 

 

Compétences construites :


-    Comprendre et s’exprimer à l’oral : Participer de façon constructive à des échanges oraux.


-    Lire : Lire des œuvres littéraires, fréquenter des œuvres d’art ; Elaborer une interprétation de textes littéraires (Formuler des impressions de lecture et construire l’analyse).


-    Ecrire : Utiliser l’écrit pour penser et pour apprendre ; Exploiter des lectures pour enrichir son écrit.


-    Comprendre le fonctionnement de la langue :

Percevoir et comprendre les différences entre l’oral et l’écrit ;

Construire les notions permettant l’analyse et la production des textes et des discours.

 


-    Acquérir des éléments de culture littéraire et artistique : Mobiliser des références culturelles pour interpréter les textes et les productions artistiques et littéraires et pour enrichir son expression personnelle ; Etablir des liens entre des productions littéraires et artistiques issues de cultures et d’époques diverses.

 

 


II- Mise en oeuvre

 

Supports, matériel utilisé :


Œuvre intégrale : Euclidiennes d’Eugène Guillevic (éd. Poésie/Gallimard, n°200)

Groupement d’œuvres de poésie contemporaine :
- des textes annexes : H.Michaux, L’Espace du dedans ; F.Ponge, Le Parti pris des choses (« Le galet ») ; la poésie combinatoire de Raymond Queneau avec Cent mille milliards de poèmes


- des ressources en ligne : le travail d’Ulysse Lacoste (les « Petits rampants ») ; les « Objets mathématiques » de Man Ray (Centre Pompidou) ; la suite de Fibonacci et le nombre d’or ; Piet Mondrian ; Victor Vasarély


- une visite au centre d’art (dans le cadre du PEAC, partenariat avec le Centre d’Art Contemporain Les Tanneries, à Amilly)

 

Production finale :


Dans la perspective du DNB en 3e, un sujet d’écriture argumentée est proposé aux élèves : « Selon vous, quelles relations la poésie entretient-elle avec les mathématiques pour permettre à l’humain de réfléchir à sa place dans l’Univers ? Pour développer vos arguments, vous vous appuierez sur des exemples concrets étudiés pendant cette séquence. »


On peut très bien imaginer, notamment dans le cadre d’une mise en place plus tôt dans l’année de 3e, de travailler sur l’un des projets de séances suivants :


-    Aller écrire au centre d’art


-    Créer une œuvre d’art utilisant les formes géométriques et en écrire le poème correspondant


-    Donner forme à son imaginaire : inventer à son tour une proposition artistique, en s’inspirant des œuvres travaillées pendant cette séquence.

 

 

Déroulement de la séquence :


- Un recueil poétique nécessite une « entrée dans le recueil » : à travers une ou deux séances ludiques, il s’agit d’abord de dédramatiser le lexique scientifique qui forme le matériau des titres, puis de se lancer dans la lecture personnelle du recueil : une lecture suivie permettra à certains élèves d’envisager déjà les liens et les échos d’une forme à l’autre ; une lecture libre, aléatoire, ravivera sans doute l’intérêt pour les plus récalcitrants.


- En termes de méthodologie, l’accompagnement personnalisé trouvera toute sa place, en fin d’année de 3e, pour élaborer des stratégies de révisions du DNB, qui s’orienteront naturellement vers le lexique nécessaire à l’analyse poétique.


- Ce sera le prérequis nécessaire à l’étude analytique d’un corpus sélectionné par l’enseignant : chaque approche précise du texte s’appuie sur les remarques des élèves et fournit l’occasion, par groupes malléables, de différents travaux de groupes mutualisés ensuite avec la classe, de façon complémentaire. La variété des approches permet ici de mettre en œuvre une différenciation appréciable.


- Entre mathématiques et création plastique, les élèves découvriront le travail d’artistes plasticiens (Piet Mondrian, Victor Vasarély ou Ulysse Lacoste), les « objets mathématiques » de Man Ray, la fameuse suite de Fibonacci et le nombre d’or.


- Une écriture formative peut leur demander de fournir un texte de leur main, éventuellement lors d’un dispositif d’écriture en immersion sonore (vers la création musicale : bruitages, musique expérimentale, contemporaine ou minimaliste, pour interroger les codes habituels de réception et d’écoute des élèves).


- L’écriture d’Eugène Guillevic s’inscrit également en écho à d’autres textes de poètes que l’on peut aborder, en proposant un parallèle avec la prose poétique d’Henri Michaux ou de Francis Ponge. Raymond Queneau n’est pas loin, qui invite la classe à s’étonner à son tour des liens entre hasard, probabilité et imaginaire que lui révèlera l’écriture combinatoire.


- Au cours de cette séquence, la visite au Centre d’Art Contemporain accentue le dialogue entre les œuvres et peut amener les élèves progressivement vers une synthèse de leur réflexion dans le cadre de ce travail (éventuellement sous forme de sujet d’écriture argumentée) ou vers un projet final intégrant le centre d’art : aller écrire au centre d’art, créer une œuvre d’art utilisant les formes géométriques et en écrire le poème correspondant, ou inventer à son tour une proposition artistique, en s’inspirant des œuvres travaillées pendant cette séquence.

 

 


III- Pourquoi utiliser le numérique?

 

Plusieurs aspects du numérique permettent de favoriser la mise en œuvre de ce projet autour de la poésie et de la création artistique contemporaine :


-    Un accès facilité aux œuvres, notamment visuelles, grâce aux sites impliqués lors de cette démarche (sites d’artistes comme Ulysse Lacoste, site du centre Pompidou, ressources éducatives en ligne).


-    La présentation et les ressources disponibles en ligne sur le site du Centre d’Art Contemporain des Tanneries.


-    L’utilisation en classes de nuages de mots ou de cartes mentales numériques pour construire l’analyse, la réflexion et la synthèse, et de pads d’écriture collaborative pour produire les textes et mutualiser les approches réflexives.


-    Une proposition de dispositif pédagogique : une séance d’écriture en immersion sonore, pour faire interagir différentes formes de création (textuelle, sonore et visuelle).

 

 


IV- Limites de la démarche

 

Placer un travail sur la poésie en fin d’année peut, selon les classes, être une prise de risque face à la lassitude d’élèves parvenus à la fin de leur parcours de collège. L’entrée en poésie elle-même n’est pas simple pour tous les élèves et requiert encore, en fin de cycle 4, leur curiosité première et leur capacité à remettre en jeu leurs codes de compréhension, pour se laisser surprendre et pouvoir appréhender l’œuvre dans ce qu’elle engage.


D’autre part, la fluctuation des installations et des œuvres présentées dans un Centre d’Art Contemporain implique un engagement aléatoire au moment, anticipé, de la réservation – ainsi qu’une grande souplesse afin de valider la pertinence de la visite proposée aux élèves en lien avec cette séquence. On peut toutefois parier sur le fait que la poésie de Guillevic trouvera forcément un écho parmi la richesse des créations contemporaines présentées, quelle que soit la saison de programmation du CAC.


Enfin, d’un point de vue pragmatique et anecdotique, une application ou un site permettant de générer de la poésie combinatoire (à partir des textes écrits par les élèves) manque à notre connaissance, ce qui faciliterait la mise en œuvre technique de cette écriture collaborative sur le modèle des Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau.

 

 


V- Annexes

 

-    Descriptif de la séquence proposée


-    Fiches de séances détaillées pour les élèves


-    Proposition de fiches de séances corrigées pour l’enseignant

 

 


Yann THIBAULT, Collège de la Vallée de l’Ouanne

Château-Renard
 

 

 

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