Oyez oyez les fabliaux

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I. Le contexte pédagogique

 

Ce travail a été proposé à une classe de 5ème très hétérogène de 28 élèves. Si certains maîtrisent parfaitement les compétences de lecture et d’expression, d’autres souffrent de lacunes très importantes. La lecture est pour eux lente et fastidieuse, ils déchiffrent les textes et repèrent les éléments explicites. Une interprétation plus littéraire s’appuyant sur la visée du texte reste très difficile. D’autres élèves manifestent malgré leurs difficultés une certaine aisance et un plaisir de lecture certain.

 

Mon but est donc de trouver une activité dans laquelle l’ensemble des élèves peut s’investir tout en développant ou en découvrant le plaisir de la lecture.

 

L’étude des fabliaux me semblait tout indiquée. Les textes sont brefs, la trame narrative facilement identifiable, la dimension comique souvent plaisante. Si l’entrée dans le texte est facilitée, je voulais toutefois que chaque élève investisse plus précisément le texte donné et mette en avant sa position de lecteur. Une lecture oralisée, mettant en avant les effets comiques du texte et restituant la connivence entre l'orateur et son public, permet également de relier l'œuvre à ses conditions historiques de création. Les élèves travaillent donc leur lecture expressive, s’enregistrent et élaborent un projet final intégrant des bruitages et extraits musicaux.

   

 

II. La mise en oeuvre

 

Première étape : lecture collective puis choix individuel

 

La découverte des textes est faite en classe de façon collective. Les élèves sont très sensibles au comique populaire récurrent dans les textes proposés. Au cours de l’étude, un entraînement de lecture est régulièrement proposé, les élèves proposent différentes mises en voix possibles d’un même passage puis choisissent celle qui leur semble la plus pertinente.

 

A la fin de la séquence, je leur propose de lire cette fois l’intégralité du texte en s’enregistrant puis d’accentuer les effets comiques en ajoutant des effets sonores. Le projet leur plaît et c’est avec enthousiasme qu’ils choisissent chacun leur texte pour préparer leur lecture. Le fabliau est alors annoté et surligné comme peut l’être un texte théâtral. Les passages où l’orateur s’adresse directement au public sont surlignés d’une couleur déterminée, les dialogues des personnages le sont aussi afin de préparer des changements de voix. L’élève sélectionne également les passages qu’il juge les plus comiques afin de les mettre en avant plus particulièrement.

 

 

Deuxième étape : travail du son en salle informatique

 

Deux heures séparées d’un intervalle correctif ont été consacrées à l’enregistrement des textes en salle informatique. Les élèves utilisent Audacity mais exportent leur fichier en mp3 afin, pour certains, de le télécharger pour le retravailler de façon plus personnelle. Cette première heure est également consacrée à développer leur autonomie sur les postes : manipuler des logiciels, nommer, renommer, enregistrer et exporter un fichier sont les différentes procédures qui sont alors vérifiées.

 

L’engouement des élèves est net. Certains, conscients des lacunes de leur prestation à l’issue de la première heure, ont demandé à emprunter un baladeur afin de proposer un nouvel enregistrement. Quelques écoutes ont lieu en classe afin de mettre en avant les éléments à améliorer.

 

La deuxième heure met en avant l’efficacité des élèves. Ils commencent alors la recherche et l’écoute des bruitages visant à mettre en valeur leur lecture.

 

Les ajouts sonores sélectionnées concourent ainsi à :

 

-    Accentuer la dimension historique de création des fabliaux. Le recours à des extraits de musiques médiévales, sélectionnés en partenariat avec le professeur d’éducation musicale, la dimension de « spectacle vivant » (bruit de foule, rire, applaudissements, cris) restituent une atmosphère populaire médiévale et rendent l’écoute d’autant plus dynamique.

 

-    Accentuer les effets comiques et les références presque naturalistes à la réalité quotidienne par : les bruitages animaliers (braiement dans Le curé qui mangea des mûres, meuglement dans Brunain et Blérain par exemples, bêlement dans Estula), ceux de chute et de lutte (Le cupide et l’envieux, le Curé qui mangea des mûres), de scène de marché (Brifaut) ou de références au monde religieux (Le testament de l’âne, Brunain et Blérain).

 

-    Les ajouts sonores contribuent également à soutenir l'intrigue ainsi qu'à ralentir le rythme de lecture que les élèves ont tendance à trop précipiter quand ils connaissent leur sujet.

 

Une fois le projet finalisé, l’ensemble des travaux est écouté en classe. Au-delà de leur satisfaction évidente,  je note que l’attention des élèves lors de cette écoute est supérieure à celle qu’ils pouvaient avoir lors de la découverte des textes. Ils se positionnent cette fois comme lecteurs avertis et commentent avec précision leur ressenti face à chaque travail.
 

 

Productions d'élèves

 

Exemple 1

 

Exemple 2

 

Exemple 3

 

 

III. Pourquoi utiliser le numérique?

 

    Les Tic sont utilisés pour la réalisation de ce travail à plusieurs niveaux :

 

- Travail de l’oral à l’aide d’Audacity.

- Recherche de bruitages sur différents sites …

- Enregistrer, renommer et exporter un fichier son.

 

L’autonomie qu’ils acquièrent grâce à ces outils leur permet de s’impliquer et de se responsabiliser dans leur travail.

 

La finalisation du projet rend compte de leur créativité et les rend d’autant plus fiers. De ce fait la qualité du résultat ne fait aucun doute et mes objectifs sont largement atteints pour la plupart des élèves.

 

 

IV. Valider les compétences du socle commun

 

Domaine 1 : les langages pour penser et communiquer

 

- Comprendre, s'exprimer en utilisant la langue française à l'oral et à l’écrit

 

Domaine 2 : les méthodes et outils pour apprendre

 

- Organisation du travail personnel

- Coopération et réalisation de projets

- Médias, démarches de recherche et de traitement de l'information

 

Domaine 3 : la formation de la personne et du citoyen

 

- Expression de la sensibilité et des opinions, respect des autres

- Réflexion et discernement

- Responsabilité, sens de l'engagement et de l'initiative

 

Domaine 5 : les représentations du monde et l'activité humaine

 

- Invention, élaboration, production


 

 

Angélique VOISIN

Collège Claude Debussy, La Guerche sur l’Aubois

 

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