De la littérature à la géographie : lire par arpentage

Comment amener les élèves à lire autrement, à construire du sens collectivement et à faire dialoguer les disciplines ?
Le webinaire « De la littérature à la géographie : lire par arpentage », proposé dans le cadre des « Vendredis d’Interlignes », présente une démarche de lecture collaborative qui permet de croiser les approches littéraires et géographiques.
L’enregistrement et les ressources associées sont accessibles sur le site Lettres-Histoire de l’académie de Versailles.

Publié le 12/10/2025

Dans le cadre des « Vendredis d’Interlignes », une visioconférence a été consacrée au thème « De la littérature à la géographie : lire par arpentage ».Cette rencontre a permis d’explorer comment la démarche d’arpentage peut devenir un levier de lecture active et de coopération entre élèves, en croisant les approches de la littérature, de la géographie et de l’EMC.

Les ressources et l’enregistrement de cette présentation sont disponibles sur le site Lettres-Histoire de l’académie de Versailles :

Accéder à l’enregistrement et aux ressources associées

1. Qu’est-ce que l’arpentage ?

L’arpentage est une méthode de lecture collective : un groupe de lecteur·rice·s prend en charge des portions d’un ouvrage, puis restitue et discute le contenu avec les autres membres du groupe.
Le terme, emprunté à la notion de mesurer un terrain, devient métaphoriquement une « prise de terrain » sur le texte. Dans cette démarche, on désacralise l’objet livre, on le rend plus accessible et on place les élèves en co-chercheurs.

Les modalités sont variées : chaque lecteur·rice peut résumer sa section, proposer des passages essentiels, débattre des choix de lecture, etc. On peut également adapter les fragments selon la difficulté ou les profils des élèves.

2. Exemple de séquence : croiser la BD et la géographie

Dans le webinaire, plusieurs intervenant·e·s ont présenté une séquence pluridisciplinaire qui combine lettres, géographie et EMC, avec la bande dessinée Les algues vertes, l’histoire interdite d’Inès Léraud.

Thème de la séquence : s’informer, informer — les circuits de l’information

Problématiques travaillées :
  • Comment produire et diffuser une information de manière responsable ?
  • Quels enjeux de la mondialisation apparaissent dans cette enquête judiciaire ?

Le déroulé proposé :

Une première séance présente le contexte (l’agriculture, la filière porcine en Bretagne, les algues vertes).

On distribue les chapitres de la BD selon les élèves, et on pratique l’arpentage.

Chaque élève élabore un schéma (avec des étiquettes, des relations entre acteurs, etc.)

Restitution orale, partage, débat, mise en perspective citoyenne

Rédaction d’un article de presse ou d’un titre collectif pour présenter les enjeux

Cette démarche permet non seulement de faire travailler la lecture et l’analyse textuelle, mais aussi de construire une géographie citoyenne, en questionnant les acteurs, les pouvoirs, les tensions territoriales, l’information et la responsabilité collective.

3. Avantages et défis de l’arpentage

Atouts pédagogiques :

Encourage le travail collaboratif

Favorise l’appropriation progressive de textes longs ou complexes

Permet la différenciation (adapter la longueur ou la difficulté des fragments)

Stimule l’oralité, l’argumentation et l’esprit critique

Réintroduit le goût de la lecture en la rendant plus accessible

Points de vigilance :

La restitution collective peut perdre en cohérence si l’enseignant ne guide pas les échanges

Certains élèves peuvent être déstabilisés par le manque de contexte de leur fragment

L’enseignant doit bien maîtriser l’ouvrage pour pouvoir orienter les débats

Le temps alloué doit être calibré (généralement sur plusieurs semaines)

4. Échanges et perspectives

Lors de la table ronde, les intervenant·e·s ont souligné l’intérêt de croiser les approches : la BD comme médium séquentiel, le schéma comme outil systémique. Ils ont mis en valeur l’importance de travailler la notion d’acteur dans les séquences de géographie, de ne pas la réduire à deux points de vue, mais de restituer la complexité des jeux d’acteurs.

La discussion a porté aussi sur les enjeux démocratiques : comment amener les élèves à construire une pensée citoyenne, à questionner les sources, à dépasser la méfiance face à l’information, et à accepter la nuance dans les jugements.