Apprendre à utiliser les IA en langues anciennes comme exerciseur de traduction

Scénario proposé par Jane Dreveton

Publié le 25/06/2025

Contexte

Niveau concerné : classes de seconde et de terminale
Points de programme travaillés :

  • Pratiques renouvelées de la traduction : la comparaison de traductions.
  • Objets d’étude : “L’homme et l’animal” en seconde et “Leçons de sagesse antique” en terminale

Comment traduire en latin ? Comment utiliser une IA pour étayer l’activité de traduction ? Comment mettre à distance les propositions des IA ?

Objectifs

  • Consolider la compétence de traduction en apprenant à utiliser les IA en langues anciennes.
  • Développer l’esprit critique, la conscience éthique et civique des élèves dans l’utilisation des I.A. génératives en traduisant des langues anciennes.

Compétences disciplinaires et transversales visées :

  • Lire, comprendre, traduire, interpréter. (LCA)
  • Comprendre le fonctionnement de la langue (LCA)
  • Développer l’expression personnelle, l’argumentation et le sens critique (EMC)

Déroulé de l’activité

L’élève élabore une traduction d’un texte latin en confrontant les propositions de deux IA aux siennes. Des temps de réflexion et de formalisation sur l’acte de traduire sont pris tout au long du dispositif, ils permettent l’élaboration de la grille d’évaluation. Les étapes de l’activité peuvent être conçues comme un programme d’entraînement pouvant s’adapter à des textes variés dans leur thèmes et leurs difficultés.

Etape 1 : traduire

Lecture, compréhension, élaboration d’une traduction littérale d’un extrait de texte latin.

Etape 2 : comparer

  • Confrontation de la traduction produite collectivement ou individuellement avec celles de deux IA sur le logiciel COMPAR:IA
  • Dialogue argumenté entre l’élève et les deux IA.
  • Choix justifié d’une des deux IA et observation de ses caractéristiques techniques et de son impact énergétique.

Etape 3 : améliorer

Perfectionnement ou ajustement de la traduction première.

Etape 4 : critiquer

Formalisation de l’analyse critique des usages des IA dans l’activité sous la forme d’une production argumentée élaborée par l’élève.

Grille d’évaluation

Bilan

L’élève a construit sa capacité à comprendre le fonctionnement de la langue latine. Il utilise des IA en développant un esprit critique par la mise à distance justifiée de leurs propositions. Pour faire le choix de l’IA qui l’a mieux aidé dans sa requête, il prend en compte des critères concernant la maîtrise de la langue (syntaxe et prosodie, lexique) et les procédures mises en œuvre par les IA ainsi que leur caractéristiques notamment écologiques.

Le groupe a consolidé ses compétences de maîtrise des langues latine et française dans des dialogues argumentatifs avec les IA. Au début de l’expérimentation, les élèves demandaient majoritairement aux IA de traduire leur extrait puis comparaient les traductions. Puis, après l’étape d’appropriation de la grille d’évaluation de l’activité d’entrainement à la traduction, l’échange avec les IA s’est fait plus précis et ils ont pu davantage prendre conscience de l’importance de l’identification casuelle par exemple. Le propos de l’élève à une IA suivant “il ne faut pas que tu traduises "concursans" par "par la participation" car c’est un nominatif féminin” montre bien que l’élève identifie les choix des deux traductions des IA en les corrélant à la structure syntaxique du texte latin et valide ou non la proposition de l’IA. La remarque est identique pour le lexique “pourquoi avoir traduit ardalio comme cela plutôt que par "hommes empressés" comme le dit le Gaffiot ?”. De plus on remarque que L’échange avec l’IA permet à l’élève de soumettre ses propres choix lexicaux de façon justifiée “vu que le ssima dans odiosissima est un superlatif ne faudrait-il pas rajouter le mot très devant importun ?”. L’élève est placé dans la posture du tuteur ce qui, comme on le sait, renforce ses compétences comme l’indique ce propos d’un élève, “C’est intéressant, souvent il se corrige avec notre aide, mais parfois il ne prend pas en considération ce qu’on lui dit. Sa traduction est des fois intéressante. J’ai choisi le modèle B car il corrigeait les erreurs contrairement au modèle A.”. Cette dernière remarque montre aussi que les élèves ont pris en compte des procédures dans leurs critères de sélection des IA.

La totalité du groupe a pris conscience des intérêts et des limites des propositions des IA dans une démarche d’analyse critique de leurs propositions et de leurs caractéristiques. L’étape de comparaison entre les deux IA à la fin (proposé par l’outil Compar:IA) combiné à un temps de formalisation des usages des IA dans l’activité a facilité cette prise de conscience : “La B est la meilleure car elle a une traduction littérale, qu’elle rend plus fluide par la suite. De plus elle semble être moins polluante” ou encore “ J’ai pu remarquer que le modèle B développait beaucoup plus ses explications que le modèle A et donnait des réponses parfois plus précises même si les dans les deux cas les réponses étaient extrêmement pertinentes. En revanche, d’un point de vu écologique je choisirais plus le modèle A puisque sa consommation est moindre par rapport au modèle B”.