Ecrire un récit à plusieurs mains : deux scenarii

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Un deuxième scénario de récit collaboratif.

I- Le contexte pédagogique

 

    Le projet d'écriture collaborative a été mis en place au mois de février sur les quatre niveaux du collège (6ème : le conte ; 5ème : le roman policier ; 4ème : le fantastique ; 3ème : l'écriture de soi.) Le but était de toucher deux catégories d'élèves : ceux ayant une certaine aisance à l'écrit pour lesquels nous proposions une écriture plus contraignante tout en stimulant leur imagination ; ceux faisant preuve de passivité et n'utilisant pas pleinement leurs compétences.

 

Chaque élève s'est vu attribuer un mot de passe afin d'accéder à un espace de travail, un mode d'emploi pour la rédaction d'articles, ainsi qu'une plaquette sur les droits et les devoirs liés à la publication par Internet.

 

Les enseignants de Lettres se sont faits les relais des attentes au sein des classes et ont expliqué le déroulement du projet.

 

 

II- La mise en œuvre

 

1- Une charte d'écriture fut proposée afin de donner les grandes lignes du projet. Elle répond à une double contrainte : être suffisamment succincte pour intéresser les élèves, pour ne pas restreindre leur imagination ; mais assez précise pour éviter les impasses narratives ou un détournement du genre littéraire travaillé (Exemple : le Fantastique ne doit pas devenir de l'Heroïc Fantasy ou de la Science-fiction.) La charte a également pour fonction de fédérer les membres d'une communauté autour d'un projet dont ils sont les acteurs et où les décisions sont prises de manière collégiale.

 

2- Chacun propose sa contribution en ayant soin de laisser une fin ouverte. Le texte peut être rédigé de manière synchrone ou asynchrone, réalisé dans le cadre de la séance de cours ou en-dehors de cet horaire _ à la maison, au CDI, lors d'une heure de permanence... Cette production représente l'aboutissement d'un travail mené sur une seule séance, un travail complémentaire, ou un projet annuel.

 

Du fait du caractère asynchrone de cette activité, l'élève propose une production quand il le veut ou/et le peut. Ainsi, il apprend à gérer la menée d'un projet avec les contraintes journalières des autres disciplines. Par ailleurs, ce positionnement permet de développer une écriture plaisir hors du cadre trop restreint de la classe.

 

3- L'enseignant en charge de la correction et de la mise en ligne des productions reçoit sur son espace de travail le texte dont il examine la cohérence avec le reste du récit ainsi que le respect des consignes d'écriture.

 

Remarque : Il est souhaitable qu'un seul enseignant intervienne car cela assure un travail de relecture régulier et cohérent. Ce point est incontournable pour éviter l'écueil majeur de ce type de travail : le télescopage de plusieurs productions entraînant un choix cornélien à faire et peut-être le découragement de certains élèves. En effet, ces derniers se révèlent très impatients de voir leur texte à l'écran, et c'est cette motivation qui servira de moteur au projet.

 

4- Au fur et à mesure de l'avancée du récit l'équipe pédagogique ou l'enseignant en charge joue le rôle de médiateur. Il gère l'évolution de l'histoire et peut même suggérer certains éléments.

 

A ce titre, l'utilisation d'un forum s'avére très riche d'enseignements, de motivation. Ainsi, demander à la communauté son avis sur le devenir d'un personnage, les conséquences d'un événement favorisera l'activité des élèves et évitera la lassitude.

 

 

III- Pourquoi utiliser le TBI ?

 

• Tout d'abord, l'utilisation d'un ENT dégage l'enseignant de beaucoup de contingences matérielles : disponibilité des élèves, réception des productions, mise à disposition de toute la communauté des textes… L'espace partagé rend plus simples toutes ces démarches pour se focaliser sur la pédagogie.

 

• L'écriture collaborative représente une " révolution " dans la manière dont les élèves doivent envisager l'activité scripturaire. Il ne s'agit plus de mener un travail individuel avec une maîtrise complète du schéma narratif. Chacun doit s'adapter à la situation d'énonciation, aux choix narratifs, aux contraintes définies par les autres. Même si cela est légèrement déstabilisant au début, c'est également largement formateur.

 

En outre, certains élèves travaillent en groupe pour rédiger un seul et même texte. Cette posture implique des négociations, des anticipations sur le devenir d'un personnage, d'une situation. Le cadre traditionnel de l'expression écrite "éclate" pour déboucher sur une activité à la fois novatrice et complémentaire.

 

• L'écriture d'un texte implique de maîtriser l'ensemble de la narration et, par conséquent, une lecture assidue de ce qui précède. Ainsi, l'élève soucieux de son écrit se livre à une lecture en autonomie, sans ressentir la moindre contrainte puisque motivé par la production dont il sera l'auteur.

 

• Le recours à l'ENT permet à l'enseignant de dépasser le cadre de la séance ou de la séquence. En effet, l'écriture à plusieurs mains permet un retour plus régulier, plus récurrent sur le vocabulaire, sur les formes de discours propres à un genre littéraire, sorte de fil rouge de la progression annuelle :

 

En classe de 4e, les élèves doivent maîtriser la composition d'un récit complet et complexe de deux à trois pages, combinant différentes formes de discours

                                                                                                                           Programmes de 5ème/4ème.

 

Ainsi, les acquisitions faites en cours ont plus de chance de devenir des compétences.

 

• L'ENT favorise également le recours aux images et aux sons _ même s'il ne dégage pas du problème des droits inhérents à ces supports. Grâce aux TIC, il devient plus aisé de les proposer comme support d'écriture, élément de la narration en devenir.

 

• L'utilisation du Forum ou de la messagerie interne peut jouer un grand rôle pédagogique. L'enseignant demandera à un ou plusieurs élèves la correction d'une contribution. Il donnera des conseils et ainsi individualisera sa pédagogie ; incitera à suivre une piste narrative…

 

Il s'agit de développer le dialogue enseignant-élève(s) mais hors de l'urgence liée aux horaires de la séance. Ce travail asynchrone devient un prolongement de ce qui est fait en classe. L'enseignant adopte la position de médiateur au sein de la communauté de rédaction. Il oriente les choses mais tend à une autonomie de plus en plus grande des élèves à la fois dans leurs choix et dans leur rédaction.

 

 

IV- Les limites de la démarche

 

    De manière générale, l'écriture collaborative soulève l'enthousiasme des élèves. Mais elle n'est pas une panacée. Ce recours aux TIC permet de solliciter davantage les élèves qui font montre de passivité mais rarement ceux présentant de grosses lacunes sur le plan de l'écriture.

 

Par ailleurs, cette autre manière d'écrire a un côté déstabilisant qu'il ne faut pas accentuer par un recours trop rapide à l'image. Ainsi, ayant donné Le baiser de l'Hôtel de ville comme amorce de travail en 3ème, nous avons essuyé un échec car les élèves ne savaient pas par où commencer.

 

Cela prouve l'aspect novateur de la démarche mais aussi son côté perturbant. C'est donc à l'enseignant de doser ces deux aspects afin d'amener vers une pratique complémentaire des TIC, de la production écrite et de la lecture de l'image.

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Philippe GODIVEAU

 

 

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